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Six jours de tirs sur sept au Plan-du-Bois, c’est trop

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Dernière mise à jour : 22 sept. 2022









Un habitant de Montezillon se bat depuis 2019 contre les nuisances sonores du Plan-du-Bois, une place de tir occupée par l’armée, la police cantonale, l’école de police et au moins six sociétés de tir. Un voisinage particulièrement bruyant, six jours sur sept. Son combat est désormais soutenu par un collectif.

Francis Bottge ne décolère pas. Avec sa famille, il habite Montezillon depuis 1990, un hameau de la commune de Rochefort, où «les gens se sont installés parce que c’était calme». Calme? Jusqu’en 2017. Depuis, le conseiller général PLR dénonce sans relâche les nuisances sonores du Plan-du-Bois, une place de tir située à environ un kilomètre en contrebas du quartier des Pommerets, où il habite. Montezillon compte un peu plus de 300 résidents et tous «dégustent», de même que les habitants de Crostand et de la Prise-Imer pour ne citer que les plus proches: les coups de feu, parfois en rafale, les déflagrations ou encore les fusées éclairantes et détonantes trouent le silence de 8 h à 22 heures. «Nous avons renoncé à inviter des amis chez nous durant les beaux jours», mentionne, amer, Grégoire Chabloz Zmoos, qui vit à Crostand avec sa famille.


Même le dimanche parfois

En 2019 et en 2020, Francis Bottge, qui est maintenant président du législatif de sa commune, a exprimé son mécontentement lors des séances du Conseil général. Sans succès. En 2021, il a interpellé les autorités exécutives rocherfortoises (lire l’article de Littoral Région du 17 décembre 2021).

En février de cette année, le Conseil communal a donc dénoncé par écrit la situation au Département de l’économie, de la sécurité et de la culture (DESC). Dans sa réponse du 11 mars 2022, Alain Ribaux, conseiller d’Etat, admet le problème. «J’ai bien conscience que les impératifs sécuritaires liés à l’instruction des militaires en service et des aspirant-e-s de police peuvent se révéler parfois incompatibles avec les attentes de riverains», écrit-il. Parfois? Pour Francis Bottge, l’adverbe est contestable. «Pour quelle raison les citoyens devraient-ils supporter ça?» Car le chef de département lui-même confirme les horaires de tirs: samedi compris, l’armée peut s’exercer de 8 h à 22 h, les tirs en rafale n’étant exclus que lors de la pause de midi. Les mêmes cinq jours, le personnel de la police et du centre de formation peut s’entraîner de 8 h à 19 h 30. Six sociétés de tirs s’ajoutent encore à cette forte occupation de Plan-du-Bois. Seul le dimanche semble préservé des nuisances d’après le DESC, ce que contredit le suivi effectué par un groupement d’habitants (lire encadré): du 31 janvier au 15 août 2022, des tirs se sont déroulés durant 149 sur 163 jours ouvrables et trois dimanches.


Un bruit conforme pour armasuisse

La hausse de fréquentation du Plan-duBois n’est pas contestée par le DESC: «Elle est une conséquence directe de la réorganisation de l’armée», écrit le chef du département, ajoutant toutefois qu’il «s’agit d’un retour à la situation que nous connaissions jusqu’en 2011.»

Ce n’est pas l’avis de Francis Bottge, qui ne se souvient pas d’avoir souffert d’autant de nuisances avant 2018. Et il sait, de source sûre, pourquoi la police cantonale tire maintenant au Plan-du-Bois: pour respecter les normes en vigueur, des assainissements coûteux auraient dû être effectués où les entraînements avaient lieu auparavant, dans un stand de La Chaux-de-Fonds. Alors qu’au Plan-du-Bois, lesdites normes sont respectées, d’après le DESC, s’appuyant sur des analyses d’armasuisse, centre de compétences de l’Office fédéral de l’armement.


Etudes en cours

Au terme de sa réponse au Conseil communal de Rochefort, le DESC promet toutefois de chercher à préserver «la tranquillité des alentours. C’est pourquoi le Service de la sécurité civile et militaire (SSCM) étudie actuellement plusieurs solutions visant à diminuer les nuisances sonores. Une option devrait être arrêtée dans le courant de l’année.» Thierry Michel, chef du SSCM, confirme que des études complémentaires sont en cours et qu’elles devraient aboutir à des décisions en fin d’année. Lesquelles? «Difficile à dire tant que les analyses organisationnelles et structurelles ne sont pas terminées», répond-il sans s’avancer. Après quelques questions complémentaires, Thierry Michel parle de tunnels antibruit ou de répartition des tirs sur d’autres sites, voire de limitations d’horaires.


«J’attends que des mesures soient prises», s’impatiente Francis Bottge, «et j’emploierai tous les moyens légaux et démocratiques pour que nous y parvenions». Une position qui devrait rejoindre celle d’Alain Ribaux; ce dernier écrit dans son courrier qu’«il n’est pas souhaitable que les engagements pris vis-à-vis de l’armée nuisent à une partie de la population».


La résistance s’organise

Un collectif de citoyens excédés par les nuisances des places de tir de Plan-du-Bois et de Bôle s’est constitué en été 2021. Il s’est récemment mué en association. «Il y a la fréquence et l’intensité des tirs, et les deux sont en augmentation», observe Luc Singer, l’un des membres du groupement qui appelle les autorités à créer «des stands de tir responsables». Plusieurs éléments interpellent: «Nous demandons à la commune d’effectuer des mesures de bruit, pas à armasuisse, qui ne fait que modéliser les choses en laboratoire; nous souhaitons que les avis de tir soient sur internet; nous voulons que l’impact des tirs sur la santé soit reconnu.» «Les habitants ne sont pas les seuls à se plaindre, les promeneurs aussi», relève Luc Singer. «L’armée s’est accaparée la forêt, c’est dangereux. Dernièrement, on a même trouvé des balles par terre, des balles qui n’avaient pas été tirées.» «Ça arrive souvent», admet un officier croisé au Plan-du-Bois.


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